Ce semi, je l’attendais depuis six mois… J’étais fière de pouvoir compter parmi les quelques 45,000 coureurs annoncés au départ ; plus la date avançait et plus j’entendais des informations qui me rassuraient sur la course, un parcours « très roulant », un tiers des coureurs sont des femmes, etc… Pourtant, je ne me sentais pas bien préparée pour la course.
Novembre et décembre avaient déjà été compliqués pour mes entraînements entre l’hiver qui s’installe, le travail, mes obligations de maman, les préparatifs des fêtes, etc… Puis vint janvier et le challenge des 80 km de la bloggeuse Anne Dubndidu à accomplir en un mois. Les bonnes résolutions aidant, j’étais fière d’aller courir et de compléter mon challenge.
Hélas, février apporta son lot de gastros et de grippes, et eut raison de ma motivation pourtant fraîchement retrouvée et m’a littéralement clouée pendant plusieurs jours. Moins on se bouge, moins on a envie de se décoller du canapé, pas vrai !
C’est donc avec cet état d’esprit qu’est finalement arrivé le 8 mars. Je ne prenais pas la ligne de départ sereine. Une chose était sûre : je n’allais pas abandonner, no way ! Mon objectif était donc de finir la course avec le sourire, d’essayer de battre mon temps de Boulogne de 2h23, de prendre du plaisir et d’en sortir reboostée pour l’entraînement de la nouvelle saison qui s’annonce.
La semaine précédant un semi, j’essaie de manger beaucoup de pâtes (pas difficile pour moi, car c’est mon plat favori ! ), de boire beaucoup d’eau ( zéro alcool ! ), de bien dormir, d’aller courir une à deux fois, bref, un programme idéal. Dans les faits, ma semaine aura été loin d’être parfaite, puisque je n’ai pas couru de la semaine, mon dîner du samedi soir s’est composé d’une pizza ( !), et moi qui redoutais la chaleur, on annonçait une journée à 18 degrés pour dimanche…
Eternelle optimiste, il en fallait plus pour me décourager et dimanche, j’ai retrouvé mon acolyte pour courir notre deuxième semi ensemble. Départ donné pour le dernier SAS des 2h10 et + à 11h30, alors que les coureurs ont commencé à prendre le départ depuis 10h. Nous arrivons tout juste sur la place, que les premiers finissent déjà leur course. L’ambiance est très bonne , la foule est dense sur l’esplanade du Château de Vincennes, le soleil chauffe, la musique entrainante nous donne des fourmis dans les jambes et une furieuse envie de s’élancer.
Au vu de la météo, j’avais opté pour une tenue plutôt légère composée d’un corsaire, d’un tee-shirt et de ma ceinture Salomon qui ne me quitte pas sur les sorties longues. J’y avais glissé une petite gourde d’Hydrixir d’Overstim’s, un gel GU et du pain d’épice. Je n’avais pas oublié mon lecteur de musique, indispensable pour ne pas s’entendre respirer bruyamment ! Beaucoup avaient sorti la doudoune, le coupe-vent, les secondes peaux… Sérieusement, j’ai eu mal pour eux. J’ai commencé à transpirer dès le 3ème km, et je n’aurai sans doute pas supporté de devoir courir 20 km avec une veste péniblement nouée autour de la taille. Si j’avais un conseil à donner, ce serait de ne pas porter à une course quelque chose que vous ne mettez pas d’habitude et de ne pas trop se couvrir – En course, je m’habille comme s’il faisait 15°C de plus !
J’ai été agréablement surprise de la bonne ambiance qui régnait tout au long de la course : groupes de rock, percussions brésiliennes, même les pompiers et leur grande échelle étaient là pour nous encourager. La foule était enthousiaste et réceptive, tout comme les coureurs eux-mêmes qui avaient parfois fait le déplacement depuis le Japon, la Finlande, l’Italie, l’Allemagne… et c’était assez unique de pouvoir courir avec une foule aussi éclectique.
Les ravitaillements étaient fréquents et bien organisés (bouteilles d’eau, quartiers d’orange, bananes) et vraiment nécessaires à cause de la chaleur ambiante. Les premiers abandons se sont rencontrés dés le 5ème ou 6ème kilomètre, et jusqu’au bout, on ne cessera de croiser des coureurs à l’arrêt. Le parcours était selon moi assez traître car rempli de faux-plats et de longues avenues. Pas de réelles difficultés marquées donc mais la désagréable sensation de toujours devoir forcer. Mes jambes étaient lourdes et je n’avais aucune énergie pendant une bonne partie de la course : à cause de la pizza de la veille ? de la chaleur ? Je n’en savais rien mais j’étais très renfermée et très concentrée sur mes difficultés et sur le fait qu’il était impensable que je m’arrête. Il fallait tenir coûte que coûte et essayer d’alléger ces jambes. La plante de mes pieds était douloureuse et mes orteils tapaient contre mes chaussures à chaque foulée.
Dés le 8ème km, j’ai décidé de prendre mon gel, espérant un effet coup de fouet, qui n’est venu que bien plus tard. Je n’ai cessé de m’hydrater et de me faire asperger d’eau pour tenter de faire redescendre ma température. A partir du 16ème km, l’atmosphère du peloton est bien moins festive et la souffrance est perceptible, mais moi je commence à me sentir mieux, à reprendre le dessus de ma course. Ne pas s’arrêter, tenir jusqu’au bout, garder le sourire jusque la ligne d’arrivée. Les derniers kilomètres n’auront pas été les plus difficiles physiquement mais j’avais hâte d’en finir.
Je boucle le semi-marathon de Paris en 2h32’31. 43,000 coureurs au départ et 35,000 à l’arrivée. Je l’ai fait et je suis fière de ma réussite, même si mon temps de Boulogne n’a pas été battu. C’est mon troisième semi et je me sens prête à préparer l’épreuve ultime du marathon. L’idée me trotte sérieusement dans la tête pendant 48 heures, et finit par se concrétiser par mon inscription au Marathon de Vannes en octobre prochain.
Je suis prête à repousser plus loin encore mes limites. Je veux me prouver que j’en suis capable. Je vais braver ma peur. Mon seul objectif sera de terminer la course.