Autoportrait d’une coureuse ordinaire

 

Une présentation s’impose : J’ai 33 ans, et je suis une joggeuse du dimanche qui courait 5/6 km par semaine pour se maintenir en forme. J’avais déjà couru quelques 10 km, lors de la Ronde d’Enghien notamment. Et puis un beau jour de janvier 2014, au moment où l’on réfléchit à ses bonnes résolutions pour l’année à venir, une timide idée me traverse l’esprit, celle de courir un semi… Plusieurs personnes de mon entourage l’avaient déjà fait, ou le faisaient régulièrement. Cette idée me paraissait une folie, une distance inatteignable, mais elle commençait à grandir dans ma tête, à devenir concrète, obsédante.
Je savais exactement quel semi je voulais préparer : Auray-Vannes !
Peut-être parce qu’enfant je le voyais passer sous nos fenêtres, peut être à cause du bol breton dont mon frère a une belle collection. En tout cas, ça me laissait neuf mois de préparation, et j’espérais secrètement ne pas le courir seule.
Après m’être inscrit en février, mon objectif commençait à s’imprimer peu à peu dans mon cerveau et chacune de mes sorties était devenue un entrainement au semi.

Progressivement, à partir du mois de mai, j’ai réussi à augmenter la distance de mes courses. Parcourir 10 km est devenu moins difficile et je me suis rendue compte qu’il fallait non seulement que je travaille ma condition physique, mais surtout mon mental ! Je devais casser cette barrière des 10 km ! Allonger les distances serviraient autant à mes jambes qu’à mon esprit.
Petit à petit, mes sorties longues du dimanche comptèrent 12 / 13 km, puis 15 / 16 km, et j’ai continué les sorties courtes de 5 / 6 km pendant la semaine, en intégrant une séquence de fractionnés un peu laborieuse mais quasi hebdomadaire.
A J – 2 mois de la course, mon entrainement, ma motivation et surtout mon plaisir se sont intensifiés. Je parvenais à aller courir 6 jours sur 7, sans jamais rater une seule sortie et en gardant toujours à l’esprit mon objectif semi : peu m’importe le temps, je veux tenir les 21 km et passer la ligne d’arrivée, avec le sourire.
Au fil des mois, j’ai pu sentir de nettes améliorations dans mon souffle, mon corps s’habituait peu à peu à l’effort et je n’avais que rarement des courbatures, même après mes sorties longues. Mon poids n’a pas changé, mais j’étais plus tonique, dynamisée par l’entrainement, et surtout, il m’était agréable de retrouver au bout de quelques kilomètres ce sentiment d’euphorie, au son de Beyoncé : « Who run the world? Girls!! ».
Je n’avais jamais couru au delà de 17 km durant mon entrainement, mais je savais que je serais portée le jour de la course par tous les spectateurs et par mes deux co-équipiers de choc (mon frère et un ami).
J’étais prête et je savais que j’avais mis toutes les chances de mon côté pour réussir. Le jour J, concentration et détermination ne m’ont pas quittée, et malgré les 26 degrés, l’humidité et l’horaire difficile du départ (15h), je suis parvenue à terminer la course en 2h45, avec un sentiment de satisfaction inestimable !
Deux jours après, je m’inscrivais au Semi de Paris, qui avait lieu six mois plus tard (le 8 mars prochain), pour prolonger mon objectif sur le long terme avec la secrète envie d’améliorer mon temps, ainsi qu’au Semi de Boulogne-Billancourt, deux mois plus tard. J’y ai pris le départ dans le même état d’esprit qu’en Bretagne et j’ai réussi à gagner vingt bonnes minutes sur mon temps et une confiance encore accrue en mes capacités.

J’ai 33 ans, je n’avais jamais fait plus de 10km et pensais cette distance être ma limite. Aujourd’hui j’ai fait 2 semi-marathons à 2 mois d’intervalle, et serai sur la ligne de départ dimanche. Finalement, les seules limites que nous ayons, sont celles que nous nous fixons.
Demain, je ferai ce qu’il faut pour la repousser à 42,195 km.

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